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Mon oncle alla à lui, et l’emmena dans un coin de la baraque.

— C’est le Canau, tu sais bien, le Canau de Saint-Médard, qui est le patron ; ménage-le, ça lui ferait du tort.

Ha foutre ! c’est lui qui est le Rempart du Périgord, dit Poncet ; eh bien ! n’aie crainte, je ne lui veux pas de mal, le pauvre chien, je ne veux pas l’empêcher de gagner sa vie. Mais quant à ses hommes, je sais que dans leur auberge, ils se sont vantés de me tomber, et je les foutrai tous sur le cul !

Après cette déclaration énergique, Poncet se mit à regarder avec les autres.

En ce moment, le Rempart du Périgord était sur l’estrade, et invitait les amateurs qui pouvaient se trouver parmi le public à entrer, car il y avait déjà deux caleçons de demandés. Lorsqu’il revint, mon oncle lui dit deux mots à l’oreille pour le prévenir de ce qui allait se passer.

Le Canau revint aussitôt vers le public et dit : Messieurs, on m’apprend à l’instant que le fameux Poncet est dans mon établissement, et qu’il veut lutter avec tout le personnel de l’arène. Cet amateur distingué est trop connu à Périgueux, pour que je rappelle ses tours de force. C’est une vraie chance de tomber sur une séance comme celle-là. Entrez, Messieurs, entrez, nous allons commencer.

Cette annonce fit encore entrer une trentaine de personnes, curieuses de voir lutter Poncet.

Le premier amateur qui sortit du recoin où on se déshabillait derrière une toile, était un garçon boulanger, tout jeune, sans un poil de barbe, mais bien bâti : ses bras développés par la maie étaient énormes, mais ses jambes paraissaient un peu faibles en proportion.

Quoiqu’il n’entendit rien aux finesses de la lutte, il se défendit bien, donna du fil à retordre à son