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et ne disait point d’injures à ceux qui ne fréquentaient pas l’église, comme font la plupart de ses confrères. Aussi, fut-il aimé tout de suite chez nous de tout le monde, sans exception, et les cadeaux lui arrivaient de tous les côtés ; mais ils ne faisaient que passer à la cure, car pour lui il n’avait pas besoin de tant d’affaires, et ce qu’on lui portait, il le donnait aux malheureux.

Ce brave homme de curé, je l’aimais tout plein. Quand je le connus bien, je lui dis un jour : — Monsieur le Curé, quand vous aurez quelque part, par là, des pauvres gens qui auront besoin de quelque quarte de blé, vous n’aurez qu’à me faire signe.

— Merci, merci bien, qu’il fit en me donnant une bonne poignée de main.

Et depuis, des fois il me disait : — Chez Chose, n’ont pas de pain ; l’homme est au lit depuis quinze jours…

— Ce soir, ils auront de la farine pour pétrir, monsieur le Curé, vous pouvez en être sûr.

Et il me remerciait avec un bon sourire, le digne homme, tout heureux de faire du bien.

Moi, que voulez-vous que je vous dise, j’aime tous les braves gens, qu’ils soient enfants d’Abraham, de Mahomet, papistes, ou bien tout de ceux de la Vache à Colas.