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porte de la classe, pour voir le malheureux qui avait commis ce crime.

Puis le régent alla chez le curé, chez le maire ; on lui fit faire un rapport là-dessus, et il y ajouta que l’impiété de mes enfants était d’un mauvais exemple, etc, etc. ; bref, il fut autorisé à les renvoyer.

Quand je fus le trouver pour savoir le motif de ce renvoi, il fit le cafard, me raconta les choses tout du long, avec des exclamations dévotes, et fit d’un enfantillage une grosse malice pleine de mépris pour la sainte religion.

— Et les deux autres qui n’ont pas jeté la médaille dans l’encre, lui dis-je, pourquoi les avez-vous renvoyés ?

— Ils l’ont méprisée en la laissant sur la table, me répondit-il.

Et il continua, enfilant un tas de raisonnements de cagot, sur le mauvais exemple, sur les brebis galeuses qui gâtaient tout le troupeau, sur la nécessité de séparer le bon grain de l’ivraie, est-ce que je sais tant.

J’écoutai cet imbécile un moment, le regardant en face, sans pouvoir jamais rencontrer ses yeux fixés sur mes boutons de gilet ; enfin, impatienté, je lui tournai le dos en lui disant :

— Vous êtes un rude coyon !

Le jeudi d’après j’allai à Excideuil, trouver M. Masfrangeas, qui me fit une lettre pour le préfet, et, quoique ce préfet fût un grand ami des curés, il vit que notre régent était un pauvre sot ; aussi, huit jours après, mes enfants étaient rentrés en classe.

Ces moines ou du moins l’un d’eux furent encore la cause d’une autre affaire, qui fut le changement du curé Crubillou. D’après ce que j’en ai dit, on doit bien penser qu’il n’était guère aimé chez nous. Et ça n’était pas seulement les paysans, la jeunesse qui ne l’aimaient pas, c’était tout le monde, jeunes et vieux,