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Tout ça nous retardait un peu, mais enfin après bien des pauses, ayant passé les tanneries de l’Arsault, la voiture monta au petit pas jusque devant la prison. Une fois-là, La Taupe fouailla ses chevaux pour faire son entrée en ville, contourna le Bassin, longea le Triangle et s’arrêta au milieu de la descente du foirail, devant le bureau des Messageries.

En descendant de voiture, je trouvai là, habillé en officier, le fils d’un minotier du côté de Saint-Astier, que je connaissais assez. Sur ce que je lui demandai, il me dit qu’il était officier de la garde mobile, et qu’il allait rejoindre son bataillon.

— Et vous, que faites-vous ici ?

— Je viens faire partir notre aîné qui veut s’engager.

— C’est bien, ça, et dans quel régiment ?

— Ma foi, je n’en sais rien. S’il y avait moyen, j’aimerais mieux qu’il fût avec ceux de chez nous.

— Faites-le engager dans notre bataillon, je l’emmènerai, il sera là en pays de connaissance. Voyez-vous, autrement, s’il s’engage dans un régiment, on l’enverra dans un dépôt et ce n’est pas ça qu’il veut, sans doute.

— Non pas, dit le drole.

— Mais, dis-je, est-ce qu’on peut s’engager dans la garde mobile ?

— Je n’en sais rien, mais en ce temps on n’y regarde pas de si près : d’ailleurs, si vous voulez, nous allons aller à la mairie et nous verrons bien.

— À la mairie, l’employé ne savait pas trop, mais il crut qu’il ne pouvait pas refuser un homme de bonne volonté, et, après avoir vu tous les papiers, il reçut l’engagement.

Quand ce fut fait, il nous fallut aller déjeuner, et il était temps, car c’était près de midi. Après déjeuner, M. Granger nous quitta en donnant rendez-vous à Hélie pour cinq heures. Lorsqu’il nous eut quittés,