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autour de sa pigeonne. La fille, elle, se défend, recule, fait la coquette, prend des airs, tandis que le garçon s’efforce de se faire agréer. Lorsque celui-ci a fini son manège, il passe à une autre danseuse, et est remplacé près de celle qu’il quitte par un autre garçon, et toujours comme ça, de manière que cette danse ne s’arrête pas. De temps en temps, un garçon, une fille, entrent en danse, tirent doucement en arrière un danseur, une danseuse, et prennent sa place ; quand ils sont fatigués, ils sont remplacés à leur tour de la même façon. Il y avait là, une grande fille brune, bien faite, qui dansait le congo dans la perfection. Elle avait une manière de se contourner, et de mettre tout son corps en mouvement, qui faisait plaisir à voir. Tantôt elle avait l’air hardi en s’avançant à la rencontre de son danseur, puis paraissait se laisser toucher par les efforts qu’il faisait pour lui plaire, et tantôt après s’en retournait en pirouettant, comme se moquant de lui.

Ça n’est pas pour dire, mais le congo est autre chose que la bourrée d’Auvergne, quoique celle-ci ne soit pas laide, quand elle est bien dansée.

Après ça, nous passâmes dans une petite salle, boire du vin chaud avec les meuliers, et il se trouva là un jeune monsieur, dont je ne me rappelle point le nom, qui nous récita Lous dous Douzils, un conte gaillard, en patois sarladais vif et nerveux. Et comme il le disait bien !

Mais il n’y a pas moyen de le traduire ici, tant nous sommes devenus coyons au prix du bon compagnon qui a fait ce badimage. Si encore nous en valions mieux ! mais nos mines chattemites sont pures simagrées.

Le lendemain matin, je descendis à Domme-Vieille et je m’arrangeai pour une paire de meules. Sur les deux heures, ayant fait mon affaire et déjeuné, je repartis pour aller coucher à Montignac, et le surlendemain j’étais le soir à la maison.