debout, son dernier enfant sur ses bras et les deux autres tenant son cotillon, fut plus prompte que moi et lui dit :
— Monsieur le curé, dans une maison et dans une famille, il ne doit y avoir qu’une croyance et une religion, celle du père : nous restons unis en ça comme en tout.
— Allons, fit-il en remettant son chapeau, je vois que je suis dans une maison où le démon est tout-puissant ; il ne me reste qu’à me retirer.
— Du moment que vous parlez ainsi, lui dis-je en remettant aussi mon chapeau, c’est ce que vous avez de mieux à faire.
À la porte il se retourna, et étendant le bras il nous dit :
— Je prierai Notre-Seigneur de toucher vos cœurs impies, et de me faire la grâce d’être l’instrument de votre réconciliation avec Dieu. Je vous attends un jour au tribunal de la pénitence ! D’ici là, souvenez-vous qu’on ne peut être honnête homme sans religion !
Cet animal nous embêtait à la fin ; aussi, mon oncle lui dit en goguenardant, pour ne pas se fâcher :
— Allons ! allons ! Monsieur le curé, vous ne nous ferez jamais croire, que sans le fils de Crubillou, de Sarlande, nous ne puissions pas être honnêtes !
Et tandis qu’il s’en allait furieux, mon oncle ajouta :
— Le diable m’emporte, j’aime mieux les curés qui ont des nièces !
Et nous nous mîmes tous à rire.
Mais ce viadaze ne faisait pas rire tout le monde. Chez nous, les femmes, à cette époque, avaient le cou un peu découvert ; leur fichu, en croisant par-devant, laissait voir un tout petit peu le haut de la poitrine, tout juste la place pour la croix qu’elles por-