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herbes, et je le portai à M. Masfrangeas. En le voyant il s’écria : — Ha ! quelle bête ! mais que veux-tu que j’en fasse ? à la maison, nous en aurions pour huit jours. Réflexion faite, il l’envoya au Préfet qui le convia à en manger sa part le lendemain soir.

Tous les invités admirèrent cette belle pièce, et lui firent honneur, d’autant plus qu’on l’avait truffée et mise à la broche.

Lorsqu’il ne resta plus que l’épine de l’échine avec la tête, le Préfet dit a M. Masfrangeas :

— Parbleu, celui qui vous a envoyé ce brochet est un brave homme !

— Oui, dit M. Masfrangeas en riant pour faire passer la chose, et avec ça, il a failli aller à Cayenne !

— Ah bah ! c’est votre meunier ! dit le Préfet.

Et tout le monde se mit à rire.

Mais personne ne pensa qu’en Afrique comme à Cayenne, il y avait des braves gens comme mon oncle, et tout aussi innocents.