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savaient pas dénicher, que pourtant c’était bien facile de nous trouver, et autres choses pareilles. Enfin pour en finir, ces femmes leur déclarèrent que c’était inutile de continuer à nous chercher, que nous étions à Puygolfier où la demoiselle nous avait retirés. D’aller là, il n’y fallait pas penser, aussi ils mangèrent leur soupe à l’oignon, se remirent à danser un moment, et puis on alla se coucher.

M. Vigier s’en était retourné sur sa jument ; Roumy emmena chez lui mon oncle Chasteigner avec sa femme, et Lavareille avec sa fille ; Nogaret du Bleufond et l’autre Nogaret du Coucu s’en furent coucher chez Maréchou, et les autres s’eyzinèrent. On dédoubla les lits dans la grande chambre et partout ; enfin on s’arrangea pour le mieux. Les plus enragés passèrent la nuit à boire, et sur les quatre heures du matin, Jeantain et mon cousin Ricou s’en furent tirer l’épervier, disant qu’ils voulaient prendre un peu de poisson pour se dégraisser les dents.

Le lendemain, il fallut recommencer. Après dîner, Nogaret du Bleufond, Nogaret du Coucu, et Lavareille s’en furent, ainsi que mes cousins les Estève, et Lajaunias, de Savignac. M. Masfrangeas s’en était allé le matin avec mon oncle, pour attendre la voiture de Périgueux. Le soir, nous étions bien encore quinze ou dix-huit à table. Après souper, les uns s’en furent de nuit et d’autres restèrent encore à coucher.

Pour dire la vérité, ma femme et moi, il nous tardait d’être un peu tranquilles, mais nous n’en faisions pas pour ça mauvaise figure à nos parents et amis ; au contraire, nous les fêtions de notre mieux.

Le soir du troisième jour, nous soupâmes dans la cuisine comme de coutume ; il n’y avait plus, en fait d’invités, que ma tante Gaucher et mon cousin, et les Nogaret de Brantôme. Le lendemain matin, ils partirent tous, et nous voilà seuls.