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Après ça, il y avait un frère de ma défunte mère, mon oncle Chasteigner, de Sorges, venu avec sa femme et deux de mes cousins.

Puis mon cousin Estève et son frère Aubin.

Et les amis ensuite.

M. Masfrangeas, que j’avais été chercher la veille à Coulaures au passage de la voiture ;

M. Vigier, le notaire qui avait passé notre contrat ;

Migot le maire, sa femme et son fils le plus jeune ;

Le fils Roumy, du bourg, et sa sœur Félicité, qui était contre-nôvie avec mon cousin Ricou ;

Lajaunias, l’aubergiste du Cheval-Blanc de Savignac, avec sa fille Toinette ;

Jeantain de chez Puyadou, venu tout seul ; les vieux étaient restés à la maison ;

Lavareille, d’Excideuil, un ami de mon oncle, et une de ses filles appelée Aimée ;

Enfin l’ami Lajarthe.

Avec ça, le vieux Jardon, les deux chabretaïres, Gustou, mon oncle, ma femme et moi, ça ne faisait pas loin d’une quarantaine à table.

On partit le matin de la maison, en rang, les musiciens en tête, pour aller quérir la nôvie à la Borderie. Ma tante et la Félicité, qui l’avaient habillée, nous oyant venir, la menèrent.

Il y a de ça plus de quarante ans, et je la vois encore. Qu’elle était belle, ma Nancy, et qu’elle avait l’air comme il faut ! Dans nos campagnes, ça n’était point la coutume en ce temps, ni guère encore, d’habiller les filles de blanc le jour de leur noce. Nancy avait une robe de fin mérinos bleu qui lui découvrait un peu le cou, et la naissance de la poitrine où brillait le cœur que je lui avais donné, suspendu par une chaîne d’or. Elle avait une coiffe avec des dentelles, à l’ancienne mode périgordine, qui laissait voir deux épais bandeaux de cheveux