Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.

service et à votre commandement ; je vous prie en grâce de ne pas l’oublier !

— Merci, mon Hélie, merci, dit-elle en essuyant ses yeux, je te le promets ; adieu, mes enfants.

Nous redescendîmes de Puygolfier, nous tenant par le bras, le cœur un peu gros des peines de la pauvre demoiselle.

Enfin le jour arriva. Ma tante Gaucher était venue d’Hautefort, deux jours auparavant, pour faire tout appareiller, avec mon cousin le maréchal qui devait être contre-nôvi. Dès le matin, au jour, les grandes marmites bouillaient au feu. Il y avait là cinq femmes : notre Marion d’abord, puis la fermière du Taboury, ensuite la mère Jardon, et sa sœur venue de Négrondes pour aider, et enfin la nore de Maréchou l’aubergiste, qui était une fine cuisinière pour la campagne. Ça n’était pas trop de toutes ces femmes pour tant de monde que nous étions. Nous avions compté sur trente-cinq, mais il se trouva que nous étions davantage ; il y avait les parents d’abord :

Mon cousin Ricou et ma tante ;

Martial Nogaret, à la noce de qui j’avais été, devers Brantôme, et sa femme ;

Le grand Nogaret, le tanneur de Tourtoirac, avec un de ses fils, et sa fille la plus jeune, une belle drole qui s’appelait Francette ;

Un autre Nogaret, qui était fermier du moulin du Bleufond, près de Montignac, et son aînée ;

Un autre cousin Nogaret aussi, meunier au moulin du Coucu, près de Nailhac, avec un petit de quinze ans, bien eycarabillé, appelé Fredéry. Ce Nogaret était le plus pauvre de la famille, n’ayant qu’un petit moulin à une paire de meules où l’eau manquait l’été, en sorte qu’il lui fallait porter moudre le blé des pratiques, au Temple-de-l’Eau ou à Cherveix ; et pour faire son travail, il n’avait que deux méchantes bourriques : avec ça, force petits enfants.