côté, de le dire seulement après le mariage à la mairie, ça serait pour faire avoir des désagréments à M. Masfrangeas. Il me faut donc me marier à l’église quoique ça me dérange.
— Je te comprends bien, dit mon oncle, mais tu ne te figures pas, sans doute, que le curé va te marier comme ça tout bonnement ; il te va falloir te confesser, ajouta-t-il en riant.
— Ha ! pour ça, non ! il en sera ce qu’il en sera, je me passerai plutôt de lui. Mais je voyais à ça tant d’ennuis pour ma femme, tant de tracasseries et peut-être pis pour M. Masfrangeas, que j’en étais tout ennuyé. Mais quant à aller me confesser au curé Pinot, cet oncle de contrebande, ni même à aucun autre, je ne voulais pas le faire à aucun prix.
En pensant à ça, il me vint une idée ; je racontai à mon oncle ce que n’avait dit Ragot le rétameur, et je lui dis d’aller au bourg, sans faire semblant de rien, de tâcher de voir le curé, et de lui parler de son pays, qui lui faisait dire bien des choses et à sa nièce, et que peut-être ça le rendrait plus aisé.
Mon oncle alla d’abord à l’auberge et trinqua avec Maréchou ; puis ils sortirent sur la place, et se mirent à causer avec un voisin, contre l’arbre de la Liberté qu’on n’avait pas encore coupé. Un moment après, le curé sortit de l’église venant de dire sa messe, et s’arrêta avec eux. De suite, il se mit à parler de politique, comme c’était son habitude, mais bien entendu il n’était pas d’accord avec mon oncle, ni avec Maréchou ; quant au voisin il écoutait tout, ouvrait la bouche et ne disait rien pour ne se mettre mal avec personne. Le curé était fort en colère contre les rouges, comme on disait en ce temps, et il faisait de grands gestes, disant qu’on devrait mettre ces gens-là à la raison.
— À la raison ? ripostait mon oncle ; mais moi, je