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Paul, je ne sus comment faire, vu qu’ils changeaient souvent d’endroit, l’un étant ouvrier dans les forges, et l’autre charbonnier. Ma foi, que je dis à mon oncle, je vais aller par là ; je les trouverai bien sans doute.

Le lendemain matin, à la pointe du jour donc, prenant le fusil et notre chienne, je suivis le chemin de Corgnac, et de là à Nantheuil et à la forge de Grafanaud. Quand j’y fus, je demandai à la cantine, si on connaissait un forgeron nommé Estève, mais on ne sut m’en rien dire. Je continuai donc mon chemin dans ce pays sauvage, où il n’y avait pas de route en ce temps-là, mais seulement de mauvais sentiers dans le fond des ravins, où passaient les mulets qui portaient le minerai et le charbon aux forges. Quand je fus à Fayolle, un forgeron que je trouvai dehors, me dit que mon cousin travaillait à la forge de Montardy dans la commune de Saint-Paul, en suivant l’Isle, à une lieue et demie avant d’arriver à Jumilhac. Me voilà reparti pour Montardy, où je trouvai en effet mon cousin qui fut bien content de me voir, surtout pour la cause que c’était. Nous fûmes manger à la cantine, car je crevais de faim, et tout en mangeant, il me dit que son frère était à faire du charbon dans une coupe de la forêt de Jumilhac, par là, entre Villezange et la Peyzie, il ne savait pas trop au juste. Quand j’eus fini de manger, nous trinquâmes une dernière fois, et Estève vint avec moi pour me montrer le chemin. Mais il y a de la place dans la forêt, et dans tous ces bois qui sont autour, et nous ne pouvions pas le trouver. En premier lieu nous fûmes sur une charbonnière qui fumait, mais il n’y avait personne. Enfin à force de chercher, un drôle qui tendait des lacets pour les lièvres, autrement dit des setons, nous enseigna où il était, dans la Forêt-Jeune. Quand nous fûmes proches, un grand chien jaune courut vers nous en jappant, mais se tut bientôt en voyant la chienne :