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n’était pas, ni nous non plus, de ces mauvais petits estomacs qui s’émeuvent pour si peu.

Après souper, Marion mit la dame-jeanne de pineau sur la table, de l’eau-de-vie et de l’eau-de-noix, et nous devisâmes un moment, mon oncle fumant sa pipe, et Labrugère prenant une prise de temps en temps ; puis, tout le monde alla se coucher.

À la première chantée de notre coq, le lendemain, je me levai pour donner à la mule de Labrugère, puis je revins me coucher. Sur les trois heures, nous nous levâmes tous, et l’on but le vin blanc en cassant la croûte : il n’y a rien comme ça pour chasser la brume, quand on va en route le matin.

Quand la pointe du jour parut du côté de Puygolfier, Labrugère sortit avec nous ; mon oncle lui donna un louis d’or pour ses peines, il nous secoua la main, enjamba sa mule et partit.

Dès le même jour Gustou se leva. Il ne pouvait s’aider de son bras, il lui fallut le porter dans un mouchoir attaché autour de son cou ; mais quinze jours après il n’y connaissait plus rien.