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Tandis que nous étions là, un homme rentra et demanda à Labrugère s’il ne pouvait pas venir chez lui pour sa femme qui s’était foulé un pied. Lorsqu’il eut ajouté qu’il demeurait du côté de la Forêt-Barade, au Four-de-Marty, Labrugère lui dit qu’il avait pour le moment quelque chose de plus pressé, mais qu’il y passerait le lendemain matin en s’en retournant chez lui, à Barre, et d’ici là d’arroser le pied d’eau fraîche et d’y tenir des linges mouillés.

Après déjeuner, mon oncle s’en fut au foirail, et Labrugère et moi, bridant nos montures, nous partîmes au moment où les gens arrivaient à pleins chemins.

En descendant la côte, Labrugère me demanda où j’avais passé pour venir. Lui ayant expliqué mon chemin, il me dit alors qu’il valait mieux aller passer l’eau au gué du moulin, au-dessous de Sainte-Yolée, au lieu de Tourtoirac, et que ça nous raccourcirait. Quand nous fûmes donc à la Font-del-Naud, nous prîmes par le village de la Rolphie, de là à Goursac, et après, laissant Gabillou sur la gauche, nous allâmes passer sous le château de Vaudre.

Quand nous y fûmes, Labrugère dit :

— Voilà l’ancien château de mes cousins d’Hautefort.

Je fus un peu étonné, et je lui dis :

— De vos cousins ?

— Oui, répondit-il, notre véritable nom n’est pas Labrugère, il est d’Hautefort. Mon grand-père s’appelait Bernard d’Hautefort, sieur de la Brugère, qui était un bien de famille dans la paroisse de Limeyrat. À la Révolution, il quitta le de, et nous ne nous sommes plus appelés depuis qu’Hautefort-Labrugère, et pour faire court on ne nous appelle plus que Labrugère. Mon grand-père Bernard fut maire de Rouffignac, pendant la Révolution. C’était un crâne homme, mais il n’était pas bien riche et il eut beau-