Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Écoutez, Sicaire, dit Gustou, ça n’est pas un médecin qu’il me faut.

— Comment ! dit mon oncle en plaisantant pour le rassurer un peu, car il était épeuré ; alors c’est un avocat que tu veux ?

— Non, mais voyez-vous, j’aime mieux quelqu’un plus : les médecins ne voient pas souvent d’affaires comme ça ; il faut quelqu’un qui l’ait d’habitude.

— Alors, tu veux le sorcier de Prémilhac ?

— Si c’était pour une maladie autrement, dans le corps, il serait bien bon ; mais pour remettre un bras, ce n’est pas son affaire.

— Et donc, qui veux-tu ?

— Écoutez, nous dit-il, c’est un peu loin, mais Hélie fera bien ça pour moi. Il y a de vers Rouffignac un homme qui m’aura arrangé le bras dans trois minutes, c’est Labrugère. Il n’y a pas son pareil dans dix départements, et on vient du diable le chercher. On le trouve tous les mardis au marché de Thenon, de manière qu’en partant cette nuit, Hélie, tu y seras demain matin de bonne heure, pour lui parler le premier. Il se tient sur la place devant l’église, ou à la petite auberge qui est en face ; tu n’as qu’à aller là tout droit, on te le fera voir.

Je m’en fus de suite donner la civade à la jument et je revins souper.

Après je mis la selle sur ma bête, j’attachai une limousine en travers, devant, et je partis sur le coup de huit heures.

En passant devant la Borderie, j’appelai Nancy qui arriva bien vite, étonnée de me voir partir à cheval à cette heure. Je lui dis où j’allais et pourquoi, et, me penchant vers elle, je l’embrassai, puis je continuai mon chemin.

Je passai par Coulaures, et de là, je pris par le village du Terrier pour aller passer l’Haut-Vézère à Tourtoirac. Dix heures sonnaient lorsque je fus sur