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— Ça se pourrait bien, fis-je en riant et sans réflexion.

— Vous aurez raison, voyez-vous, me dit la cousine franchement ; il n’y a rien qui vaille d’être marié avec quelqu’un qu’on aime bien.

Je l’embrassai là-dessus, je secouai la main au cousin, et je les quittai, prenant mon chemin par Saint-Pierre-de-Côle et Vaunac.

Quelque temps après, mon oncle, revenant d’Excideuil, me dit avoir rencontré le notaire de Coulaures, qui lui avait appris que M. Silain cherchait à vendre quelques terres, pour payer un homme auquel il devait mille écus, plus trois ans d’intérêts, et d’autres dettes. Il proposait de nous vendre le pré qu’on appelait le Pré-Vieux, et toutes les terres dites : Terres-de-Lebret, la Chausselie et les Granières. Ça nous allait bien ; le pré était sous nos fenêtres, pour ainsi parler, et les terres jouxtaient notre petit bien de la Borderie où étaient les Jardon. Mon oncle avait répondu que pour lui, il n’avait pas d’argent à placer mais qu’il m’en parlerait. Il m’expliqua alors, que, sans compter l’agrément de cette affaire qui nous mettait tout à fait chez nous, nous aurions avec ce pré assez de foin et de regain pour tenir toute l’année une forte paire de bœufs à la Borderie, au lieu d’y avoir de jeunes veaux pour le temps des labours seulement ; que les terres, avec celles que nous avions déjà, feraient une bonne métairie de ce petit borderage. La maison était assez grande, il fallait seulement bâtir une grange. Pour faire cette affaire, il n’y avait, une fois d’accord sur le prix, qu’à céder les créances venant de ma mère que j’avais sur des pratiques du notaire. Je ne demandais pas mieux, mais avant tout il fut convenu que nous en parlerions à la demoiselle et que nous ne ferions rien qu’à sa volonté, ne voulant pour rien au monde la contrarier.