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Le garçon prenait une fille qui avait du bien, et rien ne fut épargné. Les choses se firent à l’ancienne mode ; on fit bombance toute la journée, et les vieux principalement, chantèrent d’anciennes chansons assez gaillardes, sans parler des propos de circonstance, et des histoires salées dont on régala les mariés.

Mais la fille était une bonne grosse drole bien délurée, qui se moquait pas mal de ce qu’on disait ; elle ne faisait attention qu’à ce que son mari lui contait à l’oreille en la tenant par la taille. Tandis qu’on était là, à table, elle fit un petit cri tout d’un coup ; c’était le contre-novi qui lui détachait sa jarretière, un joli ruban rouge qui fut coupé à morceaux et distribué aux garçons de la noce qui le mirent à leur boutonnière.

Le soir on dansa, et les épousés ouvrirent le bal. Puis après, quand la mariée eut dansé avec tous les jeunes gens, tandis que le chabretaïre avait mis les danseurs bien en train, les novis disparurent.

Sur les une heure du matin, on parla de leur porter le tourin ou soupe à l’oignon, mais il fallait les trouver. Après quelques recherches, comme il n’y avait dans les environs que deux ou trois maisons, on les dénicha chez des voisins, où on les avait retirés. Le tourin prêt, toute la jeunesse partit, la chabrette en tête. L’un portait la soupière, l’autre des assiettes, un troisième portait un pichet plein d’eau, le quatrième une de ces anciennes cuvettes ovales à pieds. Un autre venait ensuite avec une serviette sur le bras, et d’autres portaient une bouteille de vin, un verre, deux cuillers, et enfin il y en avait qui ne portaient rien, comme dans la chanson de Marlborough.

Les mariés ne songèrent pas à résister, ils savaient que ça serait inutile, on aurait plutôt enfoncé la porte. Aussi elle était tout bonnement fermée au loquet, et la noce entoura le lit, avec des rires et des