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justesse de vision des plus rares — et mise en valeur par une prose singulièrement expressive, mais qui, par bonheur, n’a aucun rapport avec le style tendu, compliqué, surchargé, dont les professionnels du pittoresque font un usage si fatigant. Elle est au contraire aisée, courante, toute spontanée… Et comme elle convient, comme elle s’adapte aux choses et aux personnages représentés !

Personnages ? Ce n’est pas le mot. Un « personnage » est toujours plus ou moins de convention, et je vous répète que nous avons affaire ici à la nature seule. Vous n’y trouverez donc point de personnages, vous y verrez uniquement les gens du terroir périgourdin, chacun avec son allure propre, ses traits, ses façons et ses dires, si fidèlement reproduits qu’on s’écrie à toute minute : Mon Dieu, que c’est vrai, comme c’est cela ! — Et, notez-le bien, car ce n’est pas la moindre originalité de ce livre si particulier, jamais ils ne sont amenés de force dans le récit, ils y paraissent, ils y passent à leur heure, vous les y rencontrez comme on les rencontre dans la vie… Et si vous ne les reconnaissez pas à première vue, c’est que vous y mettrez de la mauvaise volonté, tant ils sont d’une ressemblance criante ! Tenez, les voici, « messieurs » et paysans :

Les meuniers du Frau, les Nogaret, laborieux