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fait danser, et que cette jeune fille était sa bonne amie. Mais les parents d’elle, qui avaient quelque chose, ne voulaient pas le mariage ; ils le trouvaient trop jeune, et avec çà, pas de position car il était garçon maréchal. Malgré tout, il avait la promesse de la fille, et il espérait bien qu’elle tiendrait bon jusqu’à ce qu’il eût trouvé à s’établir. Et afin d’y arriver, il tracassait son père de lui avancer quelques sacs d’écus pour lever boutique. Mais mon oncle qui avait besoin de son argent pour son commerce de veaux, n’entendait pas à ça, joint qu’il le trouvait, comme les parents de la fille, un peu trop jeune pour s’établir.

Après qu’il m’eût tout conté, il me demanda si j’avais aussi une bonne amie. Je lui répondis que non, ce à quoi il répliqua que cependant à Périgueux ça ne devait pas être difficile de s’en faire une, et il s’étonnait que je n’en eusse point.

À l’entendre, c’était chose ordinaire, nécessaire et même indispensable à un jeune homme que d’avoir une bonne amie.

Il était nuit lorsqu’il eut fini de me parler de ça et il fallait partir. Pour couper au plus court, nous allâmes monter à Saint-Raphaël, pour de là aller passer l’Haut-Vézère au Temple-de-l’Eau. Il était dix heures, lorsque nous passâmes le long du cimetière de Saint-Agnan ; un quart d’heure après nous étions à Hautefort.

Ma tante était couchée, mais elle nous cria que la soupière était dans les cendres chaudes. Nous n’avions pas faim, mais après avoir marché, un bon chabrol ne fait pas de mal ; quand ce fut fait, nous allâmes nous coucher.

Je me levai de bonne heure le lendemain, car il me tardait de revoir mes anciens camarades de classe et mes compagnons ; aussi après avoir embrassé ma tante je sortis. En allant comme ça de maison en maison, je vis quelques connaissances ; des femmes