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mais beaucoup cette tante, chez qui j’avais demeuré deux ou trois ans, tandis que mon père et ma mère changeaient souvent de ville, à cause des nécessités du métier. Il n’y avait pas de régent dans notre commune en ce temps-là, et pour aller à Coulaures, c’était trop loin ; voilà pourquoi on m’avait mis chez elle, où j’allais en classe avec mes cousins. Il fut convenu avec ma tante donc, que le jeudi d’après je trouverais à Excideuil mon cousin Ricou, et que nous nous en irions coucher à Hautefort.

Le surlendemain, nous retournâmes à Périgueux avec une charrette pour déménager. Le soir nous soupâmes chez M. Masfrangeas, et mon oncle lui dit alors, que maintenant, il ne trouvait pas bien à propos que je restasse à Périgueux tout seul. M. Masfrangeas convint que c’était bien un peu épineux pour un jeune homme de vivre seul à la ville, où il y a tant d’occasions de faire des bêtises. Il ajouta que s’il avait eu trois garçons au lieu de trois filles, il m’aurait pris chez lui ; qu’au reste la première chose était de savoir si j’avais dans l’idée de continuer la carrière des bureaux, parce que si cela était, il me trouverait une maison pour me mettre en pension, où je serais en famille.

Mais outre que d’aller vivre avec des étrangers, ça ne me riait pas, il y avait longtemps que je ne restais à la Préfecture que pour faire plaisir à ma mère, car le métier et le genre de vie ne m’allaient point du tout. Je l’avouai franchement, et M. Masfrangeas dit alors, qu’on ne réussissait pas à ce qu’on ne faisait pas avec goût, et que par ainsi, je faisais bien de revenir au Frau.

Ayant chargé la charrette, nous partîmes de Périgueux sur les onze heures du matin. Nous n’allions pas vite, parce que ça pesait un peu pour la Grise, qui se faisait vieille. À Savignac, il fallut