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dans la paroisse, ce qui lui déplaisait très fort, attendu qu’il n’avait aucun goût pour les femmes « consacrées », c’est-à-dire honorées des faveurs des oints du Dieu vivant, de manière qu’il eût voulu voir Guynefort, curé tout ailleurs qu’à La Noaillette.

Mais le vieux Quailler, de la Charlie, peigneur de chanvre de son état, et doyen des marguilliers, oyant cela, répliqua pertinemment au jaloux, que les anciens de la paroisse avaient pourvu à la chose. Et en effet, à ce moment quatre ou cinq bonshommes macrobiens s’avancèrent vers le nouveau curé, et, très respectueusement, lui expliquèrent que les paroissiens entendaient que leur capelan eût, selon l’antique coutume, une prêtresse, ou sacristine, ou bénédicte, comme les curés de Bonneguise, Nailhac, Saint-Agnan et autres du voisinage ; et ce, à seule fin de n’être tenté de croquer les ouailles gentilles confiées à sa garde.

— Vous me faites tort en ceci, mes amics ! — répondit Guynefort ; — toutefois j’accepte cette humiliation en pénitence de mes péchés. Comptez que par avant ma prise de possession de la cure, vous serez satisfaits.

Le lendemain, le bon prêtre élu s’en fut à Périgueux, monté sur un petit bardot prêté par l’écuyer Joffre. Son voyage était aux fins d’impétrer l’investiture canonique de la cure de La Noaillette. L’évêque d’alors était Pierre de Saint-Astier ; mais, d’aventure, lorsque Guynefort se présenta au palais épiscopal, mondit seigneur était allé voler la perdrix, avec ses oiseaux, dans la vallée de l’Ille, chez un de ses nobles parents. En son absence, ce fut le vicaire général qui, au vu du procès-verbal de l’élection, et des lettres de prêtrise délivrées par l’évêque de Saint-Flour, dûment collationnées et scellées,