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— Faites excuse ! je suis l’adjoint d’Échourgnac, remplaçant le maire qui habite Bordeaux, et moi, je demeure dans le bourg.

— Tous mes compliments pour la place que vous occupez, et aussi pour n’être point sujet aux fièvres : vous avez peut-être quelque remède secret afin de vous en garder ?

— Non pas ! C’est que le bon Dieu ne veut point que je les aie.

— Puisse-t-il continuer de vous en préserver !

Ensuite, profitant de l’occasion, le docteur expliqua brièvement à son compagnon de route qu’il désirait consulter les registres de la mairie pour un travail par lui entrepris sur l’assainissement de la Double.

— À votre service !… Vous êtes, n’est-ce pas, le fils du défunt médecin du Désert, monsieur Nathan, parpaillot, mais tout de même honnête homme ?

— Je suis son fils, médecin comme lui, répondit Daniel en souriant de ce « tout de même », et prêt à tâcher de vous guérir si jamais vous en aviez besoin, ce que je ne souhaite pas !

— Merci bien ; ça n’est pas de refus.

Cet adjoint faisant fonctions de maire était sourcier, et même quelque peu sorcier, car il opérait au moyen de la baguette divinatoire. Il raconta au docteur qu’il venait de chercher une source pour le monsieur du Mas-Poitevin.

— Et vous l’avez trouvée !

— Très bien : elle est à vingt-deux pieds et demi de profondeur.

— Mais qui vous a enseigné ?

— Personne : c’est un don, comme d’être exempt des fièvres.