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tive en s’adressant à l’homme, que ce soit la dernière fois !… Dans l’état où vous l’avez mise, c’est pour la tuer !

L’autre, sans s’émouvoir, répondit paisiblement :

— N’ayez peur… puisque vous me prêtez votre « saume ».

Dans son indignation, le docteur oublia de demander le renseignement qu’il était venu chercher.

« Voilà, se disait-il en s’en retournant, voilà qui semble donner raison à monsieur du Guat… Comment de pareilles choses sont-elles possibles dans une société qui se prétend civilisée ! »

Arrivé devant l’église, Daniel rencontra un vieux qui rentrait au logis, sa pioche sur l’épaule, et il le questionna.

Où habitait le maire ? Du côté de Beauronne, croyait-il.

Et l’adjoint ? L’adjoint, il ne le connaissait pas. Et le curé ? — Il n’y en avait point.

— Et où se trouve la mairie ?

— La mairie ?

— Oui, la maison commune ?

L’homme resta bouche bée, souriant bêtement sans répondre, ne sachant de quoi on lui parlait.

— Quel pays !… Merci, mon ami.

En rentrant chez lui, Daniel rejoignit sur le chemin un paysan de bonne mine qui chevauchait, les jambes ballantes, un âne de forte taille harnaché d’un « balasson », espèce de bardelle. Après les salutations d’usage, le docteur observant le visage plein, les joues rouges et l’embonpoint de cet homme, lui dit par manière de plaisanterie :

— À votre figure santeuse, je vois bien que vous n’êtes pas de la Double !