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VII


Sur le chemin désert de Ribérac, entre la Jemaye et Légé, Daniel avait mis pied à terre, attendant le passage de sa cousine. Il était environ neuf heures du matin. Le soleil montait lentement au-dessus de l’horizon et commençait à fondre une petite gelée blanche qui poudroyait sur les bruyères et les ajoncs épineux. De légères brouées s’élevaient de quelques maigres pâtis, au fond des combes. L’air était frais, et le ciel d’un bleu pâle, légèrement voilé par des vapeurs diaphanes que peu à peu dissipait un faible vent d’Est. Ainsi commençait un de ces beaux jours de l’été de la Saint-Martin, dernier sourire de la nature au déclin de l’année.

Le jeune docteur songeait à sa cousine et tournait les yeux vers Légé, tandis que sa jument broutait du bout des dents les pointes de quelques genêts à balais, poussés au bord du chemin. Pendant qu’il était là, battant sa botte avec une légère houssine de merisier,