— Eh bien, je t’en mettrai d’autres au col.
— Et si elles font comme celles du poignet !… demanda le jeune docteur.
— Si ça ne les lui ôte pas, je lui donnerai un liard qu’il ira poser dans une cafourche que je lui dirai.
— Mais si celui qui ramassera le liard ne prend pas la fièvre avec ? objecta Daniel.
— En ce cas, je lui mettrai au col une rane de buisson cousue dans un sac.
— Et si tout cela n’y fait rien ?…
— J’ai encore d’autres façons.
— Dites-les un peu !
— Pourquoi ? Vous autres médecins n’y croyez pas…
— Dites tout de même !
— Je coupe aussi les fièvres avec un oignon de serpent farci de poudre à giboyer, ou par le moyen de sept araignées vivantes qu’on avale dans un verre de vin blanc… ou bien en ayant soin que le fiévreux arrose lui-même, vous savez comment, un pied de morelle, trois matins de suite, avant le lever du soleil…
— Je vois que vous n’êtes pas embarrassé ! interrompit Daniel en riant. Tout de même, je vais aller querir ma drogue !
— Aussi bien ne feriez-vous rien avec tout ce que je vous ai dit : il y faut la manière et les paroles.
— Allons, je vois que vous êtes un brin sorcier !… Fais-le boire, ma Grande !
Et, là-dessus, détachant sa jument qui attendait devant la porte, Daniel l’enfourcha et partit pour Montpaon.
Le soleil rayait brûlant. C’était une de ces torrides