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sont plantés de vignes. Des écoles ont été créées dans toutes les communes. Des habitations mieux bâties et plus saines ont remplacé les cabanes d’autrefois. Les bourgs ont un aspect riant. À Échourgnac, autrefois misérable hameau sordide et infect, il y a des maisons propres, une caserne de gendarmerie, un bureau des postes et télégraphes.

Beaucoup des grandes propriétés sont morcelées aux mains de plusieurs. La terre de Légé est dépecée et le château, détruit par un incendie, est remplacé par une importante ferme carrée où le travail libre est en honneur. Enfin, la moralité s’élève, la superstition s’évanouit, la misère recule — et la fièvre est vaincue !

Entre tous les moyens d’amélioration préconisés par le docteur Charbonnière, un seul n’a pas été mis en pratique. Les communes de la Double appartiennent toujours aux quatre ou cinq cantons avoisinants ; mais une association les a groupées entre elles, et leur a donné une sorte d’unité de fait dans un comice où se traitent toutes les questions qui intéressent la prospérité agricole du pays.

Comme dans toutes les sociétés de ce genre, on banquette à l’issue de la réunion annuelle, et, comme dans tous les banquets, on discourt au dessert. Les convives expansifs se félicitent et fraternisent avec un enthousiasme communicatif. À cette heure-là, tous ont des lunettes roses, et quelques-uns prennent leurs ardents désirs pour des réalités : pas plus de loups que dans les bergeries de M. de Florian ! plus de vipères, messieurs !

Puis des orateurs synthétisent les vues particulières, magnifient les réels progrès accomplis, et saluent l’ère de prospérité qui s’ouvre pour la contrée. Alors les