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Puis, les héritiers ne se montrant toujours pas, un bonhomme qui se faisait construire une maisonnette dans un hameau d’alentour estima commode de choisir là ses matériaux.

Il pleuvait partout dans la cassine : pourquoi laisser tout moisir et s’abolir inutilement ? Les tuiles, les briques, les bois de charpente furent successivement enlevés, ainsi que la porte, les fenestrous et les contrevents, et bientôt il ne resta plus que l’emplacement rasé de la chétive demeure des Essarts.

Alors les défrichements s’effacèrent ; les ajoncs, les bruyères, les genêts envahirent le jardin, étouffèrent les plantes et les arbres cultivés. Puis, les ronces et les herbes sauvages foisonnèrent sur les décombres épars des bâtiments. Tout vestige humain avait disparu : la lande avait repris possession de son domaine.



Depuis plus de soixante ans que le docteur Charbonnière est mort, ses idées ont germé. Ce qui de son temps avait été qualifié de spoliation s’est fait sans protestation aucune et des choses prétendues impossibles ont été accomplies sans difficulté. Maintenant les étangs insalubres de la Double sont détruits ; les quelques autres qui subsistent sont encaissés, inoffensifs. Les nauves et les marécages sont desséchés, convertis en prairies et les ruisseaux redressés. Un réseau de routes agricoles couvre le pays comme d’une immense toile d’araignée, aide par ses fossés au drainage des eaux, et par ses larges percées au drainage des miasmes humides et malsains. L’usage du chaulage se répand partout. De grands espaces défrichés