Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/437

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Jamais je ne donnai un sou avec plus de plaisir ! parole de gentilhomme !

Quelque temps après cette farce indécente, il arriva au vicomte un grave inconvénient, qui fut sa mort survenue rapidement par la suette miliaire, laquelle en ce moment ravageait le Périgord, — avec l’aide, il est vrai, du vieux docteur Mezurier, mandé bien vite près de lui. — Ne sachant comment traiter cette maladie alors peu connue, le brave médecin, au lieu de se borner à l’expectative, fit comme la plupart de ses confrères, surchargea son malade de couvre-pieds et d’édredons, après l’avoir saigné à blanc. Ainsi mourut pitoyablement l’illustre M. de Bretout, avec beaucoup de gens traités par le même procédé.

À l’occasion de cette épidémie, les paysans de son voisinage appelèrent Daniel, mais plutôt comme sorcier, leveur de sorts, qu’en sa qualité de médecin. Lui, tout d’abord, fut frappé de certaines analogies que présentait la suette avec la fièvre typhoïde, et, en conséquence, il la traita d’après le même principe, qu’il avait suivi autrefois lors de la maladie de Sylvia, et encore depuis. Au lieu d’étouffer les malades sous des amas de couvertures, il les fit sortir, se promener au grand air, manger et boire modérément. Les autres médecins d’autour de la Double jetaient les hauts cris contre ce confrère indiscipliné, le nommaient « charlatan ! médicastre ! vétérinaire ! empirique ! assassin !… » Lui les laissa dire, et fit bien : car il sauva tous ses malades, tandis que les autres tuèrent les trois quarts des leurs.

L’épidémie cessant, le docteur ne quitta plus les Essarts, où il reprit sa vie ordinaire dans une parfaite solitude ainsi qu’auparavant. Et, nul de ceux qu’il