XXXVI
Et, maintenant Daniel était seul. Comme un grand chêne battu par les orages, il restait debout, mais ébranché. Plus de famille, point d’amis, pas de connaissances, rien. Gavailles lui-même, déçu, dans son espoir, l’avait entièrement abandonné. Les bêtes domestiques avaient disparu : le second César était mort de vieillesse comme son père, après une longue carrière de chien ; l’ânesse était morte aussi, ses dents usées ne pouvant plus broyer l’herbe, et la chèvre avait été mangée par les loups ; la petite grange était vide. Dans sa misérable demeure, le délaissé vivait d’une existence réduite à la simplicité primitive. Le soin de sa nourriture n’allait pas au delà du besoin absolu. De la bouillie de millet ou de blé d’Espagne, des pommes de terre cuites à l’eau, des châtaignes rôties sous la cendre de l’âtre étaient l’ordinaire de ses repas. La nécessité d’aller à Mussidan pour avoir du pain l’ennuyait, il y renonça. Ses vieux vêtements