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Au bout d’un moment, il poussa une exclamation sourde et dégagea de la paillasse une sorte de gibecière en peau de chèvre avec son poil, et puis revint vers la table. De cette gibecière il retira successivement un éperon, une cuiller d’argent, un pistolet de poche damasquiné, une de ces vieilles montres appelées vulgairement « oignons », un étui d’or, une tabatière d’écaille perdue jadis, croyait-on, par le docteur Nathan, et enfin une grande bourse d’autrefois faite avec la dépouille d’un bélier, dont il versa le contenu sur la table. Il y avait là quatre ou cinq poignées de monnaies d’argent, anciennes et modernes : pièces de douze, quinze, vingt-quatre sols, petits écus de trois livres, pièces de cinq francs de Napoléon et de Louis XVIII, et quelques louis d’or de vingt-quatre livres.

« Combien peut-il y avoir là ? pensait l’héritier, peut-être cent écus ?… même pas !… »

Et il semblait maussade, ayant espéré mieux.

Mais soudain il revint vers le lit mortuaire et replongea son bras dans la fougère, soulevant le corps de l’oncle pour atteindre les extrémités et le fond de la paillasse. Après une exploration assez longue, il ramena un petit sac de toile à carreaux noirs et blancs.

En voyant ce sac, Daniel pâlit. C’était celui dans lequel naguère était son argent et, que M. Durier lui avait compté pour trois sous. Une grande douleur morale le saisit, et il resta muet et immobile. Le neveu défit la ficelle et tira du sac les cinq rouleaux, sans mot dire, inquiet de leur contenu. Mais lorsqu’il en eut défait un et qu’il vit de l’or, il jeta un « ha ! » de sauvage cupidité.

— Cent pistoles ! fit-il après avoir compté les pièces.