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La pensée qu’il pouvait y avoir là, sous le cadavre, un trésor caché dans la fougère le travaillait, et l’incertitude le tourmentait fort. Il lui venait à l’idée de vérifier la chose tout de suite, mais la présence du docteur le retenait. Il aurait bien voulu que Daniel s’en allât, et cependant de rester dans cette cabane isolée au milieu des bois, seul avec le mort, cela lui faisait dresser les cheveux sous le bonnet. Enfin, après avoir longtemps tourné et retourné la question dans son esprit inquiet, il essaya de ruser avec son compagnon de veille.

— Avec ça, monsieur, commença-t-il d’un air benoît, il va falloir de l’argent pour la caisse, et puis pour l’enterrement… Je n’en ai point et je ne sais comment faire.

— Sans doute, mon ami, le menuisier, le curé et le marguillier vous feront bien crédit quelque temps.

L’homme secoua la tête :

— Voyez, on ne fait point crédit aux pauvres, crainte de perdre !… Si je ne le paie pas coup sec, le curé ne fera pas les honneurs à mon pauvre oncle.

— Je regrette bien de n’avoir point d’argent : je vous en aurais prêté avec plaisir, repartit Daniel.

— Alors, que voulez-vous que je vous dise ! Je vais voir si j’en trouve… C’est pour lui : le pauvre oncle ne peut pas se fâcher de ça !

Et, allant vers le grabat de Claret, le neveu introduisit son bras sous la couette et fouilla dans la paillasse.

— Attendez au moins qu’il soit refroidi ! lui cria Daniel, indigné.

Mais l’autre ne l’entendit pas. Déjà sa main tâtonnait anxieusement parmi la fougère.