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Pendant que, poursuivant son propos, il s’efforçait de montrer à Claret la nécessité de ne pas demeurer seul en ce lieu perdu, la porte s’ouvrit et parut l’arrière-neveu avec un petit seau de fer-blanc muni d’un couvercle, où clapotait la soupe destinée au grand-oncle.

Cet attentionné parent était un homme de quarante ans à peu près, chétif, maigre, aux yeux fiévreux, coiffé d’un bonnet en laine burelle qui faisait ressortir la pâleur terreuse de sa figure glabre. Le nouveau venu sembla inquiet en apercevant un étranger ; mais, en reconnaissant le docteur au jour qui venait de la cheminée, il se rassura un peu.

Après quelques devis parmi lesquels le neveu renouvela sa proposition de recueillir son oncle chez lui, proposition qui fit secouer la tête à celui-ci, Daniel dit à Claret, en lui souhaitant le bonsoir :

— Demain je vous porterai quelque chose qui vous fera du bien.

Puis il sortit, suivi du neveu qui, dehors, lui demanda :

— Il est bien malade, n’est-ce pas, monsieur ?

— Oui, il a une maladie qui ne pardonne à personne : la vieillesse… Il n’y a rien à faire que de le soigner du mieux que vous pourrez…

— C’est bien ce que nous faisons… malheureusement, nous ne sommes pas riches… Si encore il voulait nous donner de son argent pour acheter ce qu’il faut !… Mais il dit qu’il n’en a brin !…

Puis, après avoir longuement tourné autour du pot, le neveu ajouta :

— Vous, monsieur, qui êtes un si brave homme, et qui le connaissez de longtemps, vous savez peut-être s’il a de l’argent ?…