— Apprêtez-vous à recevoir une bonne nouvelle !
— Mon enfant est retrouvé ?
— Pas que je sache, monsieur Charbonnière, répondit le notaire, essoufflé, en arrêtant sa bête. Mais votre cousine de Légé vous a institué son légataire universel !
Le docteur fit un geste d’indifférence, et se remit à charger la bourrique.
— Vous savez de combien il s’agit ? fit maître Durier, étonné.
— Il ne m’en chaut.
— Comment !… Les propriétés valent dans les trois cent cinquante mille francs ! Et puis il y a, rien qu’à ma connaissance, cent quatre-vingt-six mille francs de créances hypothécaires !… sans parler des valeurs chirographaires et du mobilier…
— Peu m’importe, monsieur Durier.
— Mais, voyons, monsieur Charbonnière ! dit le notaire, scandalisé, en mettant pied à terre ; ce n’est pas, sans doute, sérieusement que vous dédaignez une belle fortune comme celle-là !… Il n’y a que vingt-quatre mille francs de legs particuliers.
— N’y en eût-il point du tout, et la fortune fût-elle dix fois plus belle, que ce serait de même.
Le notaire n’en pouvait croire ses oreilles.
— Alors, vous refusez le legs de madame de Bretout ? s’écria-t-il.
— C’est comme vous le dites, maître Durier. Il ne me convient pas de recueillir cette succession.
M. Durier commençait à s’impatienter de l’obstination de celui qu’il regardait comme un futur client.
— Il serait pourtant plus agréable d’être au château de Légé, le roi de la Double, que de remuer du fumier aux Essarts ! dit-il un peu sèchement.