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Mais, s’il regrettait d’être obligé de renoncer à une petite amélioration de leur destinée, c’était pour les siens. Quant à lui, il acceptait avec sa philosophie ordinaire ce nouvel accident, vulgaire en somme, et se roidissait contre la succession de ces coups du sort, qui semblait devoir l’accabler.

« La commune nature n’a pas fait pour moi seul des choses intolérables ! » se disait-il.

Et, sur cette réflexion, il empoigna sa pioche et s’en fut à la besogne.

Il y avait deux ou trois heures qu’il était là, buttant des pommes de terre, quand survint Claret :

— Votre cousine est morte, monsieur Daniel ; on l’enterra hier.

— Je suis fâché de ne pas l’avoir su, mon ami Claret : je serais allé à son enterrement.

— Pourtant, elle a été bien mauvaise pour vous !

— Sans doute… mais nous devons rendre le bien pour le mal… Et puis elle s’était repentie, et je lui avais pardonné de bon cœur.

Le docteur considérait le vieux chasseur de vipères pendant ce bref colloque.

« Serait-il possible, se disait-il, que cette figure ouverte et franche fût celle d’un voleur, doublé d’un traître ? Non je ne le puis croire !… »

Peu de jours après, Daniel était devant sa petite grange, il chargeait du fumier dans les « bastes » de la bourrique, lorsque César aboya : du tas où il était monté, il aperçu à l’orée de la lande un homme à cheval qui se dirigeait grand’erre vers les Essarts.

« On dirait la jument rouge de maître Durier », pensa-t-il.

C’était bien le notaire, en effet. Arrivé à portée de la voix, il cria au docteur :