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— On nous a volés !

Mais qui ! Ils firent des suppositions. Le tiroir n’avait pas été forcé ; personne n’était venu à la maison que le brave Claret en apportant les sabots : ils n’eurent pas une seconde l’idée de le suspecter. Gavailles avait bien paru aux environs, son fusil sur l’épaule, mais on ne l’avait pas vu s’approcher de la maison.

Peut-être était-ce le voleur des sabots ? Mais comment aurait-il découvert la clef de la porte, dans le trou sous une tuile, où on la cachait lorsque tous allaient aux champs ? Gavailles et Claret connaissaient seuls cette cachette, pour avoir travaillé aux Essarts en des heures de presse. Seuls aussi, ils avaient vu Daniel, après avoir serré l’argent, fourrer la clef du tiroir dans le gousset de son gilet, toujours pendu au chevet du lit quand il était au travail… Alors, quoi ?

Sylvia, accablée, s’était laissée aller sur une escabelle et se lamentait.

— Que veux-tu, ma pauvre femme ? lui dit doucement Daniel ; nous avons vécu jusqu’ici sans cet argent, nous vivrons bien encore de même !

Après avoir derechef examiné les apparences et les probabilités, ayant mûrement réfléchi, Daniel conclut :

— Voilà. Si je porte plainte à la gendarmerie, Claret sera tracassé, peut-être arrêté, car c’est son cas, évidemment, qui prête le plus aux soupçons. Mais, comme je ne doute pas plus de lui que de moi-même, il vaut mieux ne rien dire, au moins pour le moment : attendons !

Ce vol mettait le docteur en l’état d’un homme tombé dans une fosse à piéger les bêtes, qui essaie de s’en tirer et sent la terre s’ébouler sous ses pieds.