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Au bout d’une demi-heure, l’ondée ayant cessé, Gavailles et Claret souhaitèrent le bonsoir à tous et s’en furent chez eux…

À souper, il fut question de l’emploi de ces cinq mille francs. Sylvia était toujours d’avis que le docteur s’établit dans quelque villette des environs :

— Vois-tu, père, tu n’es pas pour travailler la terre !

— Et pourquoi ? Les hommes ne naissent point avec une destination particulière de la nature. C’est le hasard de la naissance, ce sont les circonstances qui décident de leur état. Il nous vaut mieux acheter ce petit bien que tu sais, mettre tout en prairies, avoir cinq ou six bonnes brettes et faire des fromages qui se vendraient fort bien, comme ceux d’Auvergne.

— Tu es le maître, père, agis comme tu voudras. Ce que j’en dis, c’est pour toi. Il me fait mal au cœur de te voir peiner ainsi !

— Travailler n’est rien lorsqu’on a de la force et du courage… Dimanche qui vient, j’irai à Beauronne et je tâcherai de m’arranger avec l’homme à qui est ce petit bien…

Dans la semaine, Claret vint aux Essarts, et, comme ceux de la maison étaient à quelque distance dans les terres, il alla les trouver :

— Vous voyez que je suis de parole. Ces sabots que vous m’aviez donné commission d’acheter pour Noémi, je les ai portés… Et, en bien marchandant, je les ai payés six liards de moins que ce que vous m’aviez confié, l’autre jour : voici les six liards.

— Merci, mon ami Claret, dit le docteur, mais où sont les sabots ?

— Comme la porte était close, je les ai posés sur le banc.