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de ce vieux livre de psaumes pillé au Désert que tu as chez toi, je ne sais comment, et il appert que cette bourre vient du livre… mauvaise affaire !… Alors ils t’arrêtent, t’enchaînent solidement et se mettent en quête de l’argent. Toi qui es rusé, tu as prévu cela, et tu as bien caché le sac sous une pierre, dans un coin du foyer où il y a des cendres. Mais les gendarmes ne sont pas bêtes non plus, quoi qu’on dise : ils découvrent la cachette et l’argent… Après cela, ton compte est clair : on te mène à Ribérac, puis à Périgueux, tu passes aux assises et tu es condamné à mort… Le reste, tu sais comment ça se pratique : tu as vu guillotiner Badil…

Gavailles, qui était resté silencieux pendant cette rapide divination de la pensée qui lui avait traversé la tête, eut la chair de poule à cette évocation de l’échafaud dressé pour lui.

— Heureusement, dit-il avec un peu d’embarras, quoique ayant quelquefois volé, par la misère, je ne suis pas capable de ça… Vous vous rappelez bien qu’une nuit, dans les bois de la Braille, je vous détournai d’un chemin dangereux…

— Oui, mais depuis tu as effacé cela en me volant six moutons avec ce mauvais Trigant, aujourd’hui aux galères… Et puis, tu étais un des trois coquins qui aidèrent monsieur de Bretout à enlever Sylvia…

— Comment pouvez-vous savoir ça ?

— Prends garde que, quand tu es saoul, tu es languard et que tu te vantes de ces vilaines actions comme d’un bon tour… Maintenant, ajouta brusquement Daniel en arrêtant Gavailles et en le regardant fixement au fond des yeux, pourquoi me menas-tu ce bohémien aux Essarts ?

— Il m’avait demandé de lui montrer le chemin,