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Daniel passa le reste de la journée au château, et, la nuit, veilla le mort avec Madalit. L’abbé Médéric, interdit pour avoir refusé de se prêter aux menées ourdies contre le docteur, s’en était allé, on ne savait où. Son successeur fit de grandes difficultés au sujet de l’inhumation du suicidé dans le tombeau de famille, situé au milieu du cimetière, c’est-à-dire en terre bénite, comme l’expliquait le curé. Toutefois, grâce à la fermeté de l’aubergiste du lieu, adjoint du maire défunt, le curé céda, et même, sur l’assurance formelle dudit adjoint que le comte s’était détruit dans un accès de fièvre causé par d’horribles souffrances, il consentit à lui faire un beau service avec messe chantée.

— Voyez-vous, monsieur Charbonnière, disait l’aubergiste, ça n’est point que je croie à la bonté des orémus des calotins ! Je suis né pendant la Révolution, et je n’ai pas été baptisé : ainsi… Mais, tout de même, un enterrement avec des curés, il y a des lumières, on chante, c’est plus gai !

— Qu’allez-vous faire, à présent ? demanda le docteur à Madalit après la cérémonie.

— Je vais chercher une place. J’en trouverai bien une, ça n’est pas ça qui m’inquiète. Mais je ne retrouverai jamais un maître comme celui-là ! répondit-elle en essuyant une larme.

La brave fille n’eut pas besoin de s’enquérir d’une place, grâce au testament de M. de Fersac. Même, lorsque sa qualité de légataire fut connue, elle reçut trois ou quatre demandes en mariage, qu’elle repoussa fièrement :

— Après monsieur le comte de Fersac, personne ne me sera de rien ! disait-elle.

Revenu aux Essarts, Daniel y fut accueilli par la