Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/392

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ma foi ! je voudrais que ce fût demain !

Après quelques avis et divers propos sur ce sujet, le docteur prit congé de M. de Fersac en lui disant :

— Au revoir ! je vous souhaite un bon sommeil pour cette nuit.

— Merci, et adieu, mon cher docteur ! Si demain ma goutte remontait brusquement au cœur, comme on dit vulgairement, je veux que vous sachiez que vous êtes un des très rares humains pour lesquels j’ai eu de l’estime !

— Oh ! mon cher comte, fit Daniel en se rapprochant du fauteuil et en posant sa main sur le bras de M. de Fersac, que je vous sais gré de cette parole !

En bas, Madalit attendait :

— Comment trouvez-vous monsieur le comte ?

— À peu près comme toujours : il se maintient… On voit que vous le soignez bien, Madalit !

— Ah ! monsieur ! dit-elle naïvement, je suis au service de monsieur le comte depuis l’âge de quinze ans et demi ; il a eu ma fleur et m’a toujours traitée avec beaucoup de bonté… Je serais la dernière des dernières si je l’abandonnais dans le malheur !

« Chez cette plantureuse fille, qu’on dirait tout en chair, il y a pourtant de généreux sentiments ! » songeait en se retirant le docteur.

Le lendemain, Daniel avec Sylvia ramassait des châtaignes dans le bois de la Viguerie lorsqu’un homme le vint trouver :

— La Madalit vous mande que le monsieur est mort !

Il laissa là sa récolte et suivit le messager.

Sur son lit, M. de Fersac était étendu tout habillé, la tempe trouée d’une balle. Le long de son flanc, sa main déformée par les nodosités calcaires tenait encore la crosse du pistolet.