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— Ça marche à peu près.

— Mais ce sont mes affaires qui ne vont pas, à ce qu’il paraît ! ajouta Daniel.

— Nous causerons de ça… Mais, d’abord, il faut établer la jument.

Ayant fait, le notaire introduisit son visiteur dans une cuisine où se tenaient face à face, dans l’embrasure d’une large croisée, tricotant des chausses, un chauffe-pieds sous leurs cotillons, sa femme et sa fille. À l’aspect d’un étranger, ces deux personnes se levèrent.

— Femme, dit le petit homme, voici le fils de mon défunt ami Charbonnière.

— Il y a bien longtemps que je ne vous avais vu, dit la dame à Daniel d’un air renfrogné ; je ne vous aurais point reconnu, certes !

— Voici, en effet, une dizaine d’années que je n’étais venu à Saint-Vincent.

— Ce n’est pas tout ça ! interrompit M. Cherrier, il est trois heures et la demie : nous allons faire collation ! Fille, apporte ce qu’il faut.

— Maman, demanda la demoiselle, faut-il monter querir des pommes au grenier ?

— Oui… et porte de celles qui commencent à se gâter.

— Porte des meilleures ! dit impérieusement M. Cherrier.

Sur un napperon, au bout de la table de la cuisine, la mère plaça de mauvaise grâce un chanteau énorme et une douzaine de noix. Puis la fille descendit deux pommes, tout juste, les mit sur table, prit une chopine de terre et descendit à la cave.

— Donne un fromage, Zélie, lui dit M. Cherrier dès qu’elle fut revenue.