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César dans la maison, avait-il dit sur le seuil. Demain tu iras prier Claret de venir vous garder.

Arrivé au campement, Daniel le trouva désert : les bohémiens avaient disparu. Un chien qui trôlait par là, en quête de quelque os, s’enfuit à son approche. La nuit était obscure : impossible de savoir quelle direction la tribu avait prise. L’avant-veille, le docteur avait remarqué une hutte de charbonniers vide : il s’y réfugia et attendit le jour, les yeux ouverts.

À l’aube, il se leva et vit que les nomades étaient retournés sur leurs pas : venus de Montpaon, ils semblaient y revenir. Cette circonstance fortifia les soupçons du malheureux père : il suivit les traces de la troupe et la rejoignit, installée sur le champ de foire de Montpaon.

Le brigadier de gendarmerie, mis au courant, se piqua de procéder avec ses hommes à une exacte recherche dans tout le campement. Le chariot, les tentes, les paniers de bât, les coussins de sparterie, les paquets de guenilles, furent minutieusement, mais inutilement fouillés.

— Je vous plains ! monsieur Charbonnière, disait le brigadier en serrant la main du docteur ; j’aurais donné quelque chose pour retrouver votre enfant !… Mais peut-être sera-t-il retrouvé quand vous rentrerez chez vous.

Daniel exprima un doute, remercia le brigadier, puis s’en fut dans un cabaret. Tandis qu’il déjeunait en hâte, l’idée lui vint que, si les nomades avaient enlevé le petit, ils pouvaient avoir prévu cette recherche, et, dans cette prévision, fixé le rendez-vous aux ravisseurs un peu plus loin, à une autre étape.

Donc, s’étant assuré, le lendemain, de la route prise