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chose qu’il y eût largement… Le jour, Sylvia vaquait au ménage et tricotait des chausses pour tout son monde. Daniel apprenait à lire à la petite Noémi et s’occupait à des bagatelles utiles. Afin d’épargner l’éclairage, on se couchait de bonne heure, après souper. Les enfants dormaient comme des souches jusqu’au matin ; mais le père et la mère, se réveillant au cours des longues nuits, écoutaient les bruits du dehors. C’était le coq qui chantait, marquant les heures, la vache qui tirait sur sa chaîne, la bourrique qui brayait dans l’étable ou la chèvre qui bêlait. Parfois un loup affamé, qui flairait la proie vivante, venait hurler autour de la maison, auquel répondaient les aboiements de César, tandis qu’au loin le vent passait en rafales sur les hautes futaies, avec un bruit de rivière débordée.

Cependant l’argent rapporté de Périgueux s’en allait peu à peu en pain, sel, sabots, chandelle de résine et autres menues dépenses, lorsque Daniel apprit par une lettre de son avoué que, sur le prix d’adjudication de son bien, il lui revenait un peu plus de quatre mille six cents francs. C’eût été la misère conjurée ; malheureusement, l’homme de loi s’empressait d’ajouter que madame de Bretout se refusait à payer cette somme : elle entendait mettre son cousin en cause et le rendre responsable de l’incendie survenu avant qu’il eût quitté la maison du Désert.

Au reçu de cette nouvelle, Daniel se rendit à Ribérac chez l’avoué, qui lui confirma la chose fort explicitement.

— Mais quoi ! disait le docteur, madame de Bretout ne peut se refuser à payer, puisque le juge des ordres m’a attribué cette somme.

— En droit, sans doute ! En fait, elle y réussit par