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III


La terre était raffermie, les bois essorés, les landes ressuyées. Sur la jument pie de son feu père, Daniel s’en allait à Saint-Vincent. Le temps était frais, l’air calme, et le ciel gris se reflétait sur l’acier poli des étangs paisibles. Un jour terne éclairait le pays désert, en contraste avec la chaude lumière d’un automne méridional que le jeune homme avait encore dans les yeux. La vigoureuse bête marchait de ce pas élastique et cadencé dont les hommes de cheval seuls sentent pleinement le charme. Le chemin n’était qu’une sorte de sente qui montait et descendait à travers les bois et les bruyères, avec des bourbiers dans les fonds, où se dissolvaient des feuilles mortes. Durant une heure au moins Daniel ne vit pas un être vivant, fors un renard en maraude qui, à son approche, s’enfonça dans les fourrés.

À la Tuilière, un homme et sa femme, tous deux hâves et chétifs, disposaient des briques crues, par