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XXIX


C’était le soir. Devant sa nouvelle demeure, Daniel était assis sur un banc et regardait fixement une lourde fumée d’écobuage qui flottait au ras de la lande défrichée. Autour, les taillis de chênes s’évanouissaient peu à peu, et une âcre odeur de racines brûlées et de terre surchauffés se mélangeait aux senteurs humides des bois. Au loin, vers l’étang des Oulmes, un courlis jetait par intervalles son cri aigu, comme un appel plaintif. Assis à terre près de son maître, César, les oreilles dressées, écoutait sans bouger, les bruits, perceptibles pour lui seul, des bêtes noires et rousses qui rôdaient par les fourrés, à l’heure venue de la glandée et du gagnage.

Trois mois s’étaient écoulés depuis le terrible événement qui avait brusquement achevé de déraciner du Désert Daniel et les siens. L’image de l’infortunée Sicarie si affreusement martyrisée le hantait souvent, et il lui semblait alors avoir devant les yeux ce tronc