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Alors une masse de fagots fut jetée sur le cadavre, qui acheva de se consumer.

Après le meurtre, ce fut le pillage, la destruction. Cette tourbe démente s’engouffra dans la maison déserte. En quelques minutes, tout ce qui était encore là fut saccagé, foulé aux pieds, volé. Les livres, les papiers, les menus objets jonchèrent la chambre de Daniel. Rien ne fut respecté que « Baltazar » : debout au milieu de son socle, les bras croisés sur sa poitrine de squelette, il avait tout l’air de contempler ces misérables avec un ricanement sinistre qui les arrêtait.

Le feu mis aux livres épars sur le plancher se communiqua rapidement aux habits, aux quelques meubles qui n’avaient pas été déménagés, aux paillasses éventrées dans les autres chambres, et un tourbillon de fumée jaillit des fenêtres ouvertes.

Là-dessus, arriva Mornac tout courant ;

— Que faites-vous ! s’écria-t-il ; la maison est à la dame de Bretout !

Trop tard !… Les gens s’évadaient maintenant de ces murs qui flambaient en marchant sur la vaisselle et les bouteilles brisées, la plupart avec du linge caché sous la veste ou la blouse, les poches bourrées de menus objets, ou bien emportant effrontément des ustensiles à la main. Badil s’était emparé d’un fusil ancien monté en argent ; Moural avait choisi une romaine à peser ; la Cadette, une soupière en étain de glace qu’elle tenait dans son tablier. Queyrol avait raflé les bijoux et les petits objets antiques, y compris la bague au serpent que jadis avait rendue Minna. Tous s’étaient pourvus qui d’une marmite, qui d’une pelle de cuisine, d’un bassin de laiton, d’un plat, d’une paire de souliers. Jusqu’à ce mauvais