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un goujat manœuvre pour l’aider. Et, sur ce point, il proposa l’aîné de ses garçons, qui serait payé vingt sous par jour, et cela fut accepté…

Tout étant bien convenu, le lendemain, de grand matin, Daniel lia ses vaches, et, avec la Grande, s’en fut à la Tuilière, où il prit un chargement de tuiles et de briques qu’il mena aux Essarts. Coli se mit à l’œuvre incontinent avec son fils, et, comme il lui tardait de toucher son argent, contre l’ordinaire des ouvriers de campagne il fit diligence, et finit en quinze jours de réparer la maison. Après quoi, il se mit à construire une petite grange ou écurie destinée à remplacer l’ancienne, qu’il avait transformée en une vaste chambre.

Cependant le docteur avait vendu son troupeau de moutons, ses vaches d’élevage, fors une qui était bonne laitière, les cochons, et la plus grande partie de la volaille, portée au marché de Mussidan par la Sicarie. Il lui tardait fort de quitter le Désert depuis que ce domaine appartenait à madame de Bretout. Au reste, Pirot, dépêché par ses maîtres, était venu lui signifier d’avoir à déguerpir sans retard. Aussitôt qu’il le put, Daniel commença son déménagement, aidé d’un métayer de M. de Fersac qui fournissait sa charrette.

Après deux jours, ce déménagement fut interrompu par un orage épouvantable qui passa sur la Double et ravagea une douzaine de communes. Les blés, les seigles, les maïs, le millet, les haricots, tout fut haché par la grêle. Les noyers et les châtaigniers à fruit furent dévastés, fracassés ou déracinés par l’ouragan. Rien ne resta des espérances de la récolte : c’était la misère, la famine pour la contrée. Cette grêle venant après le gel des vignes, échu en avril,