Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/345

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Cela se pourrait… Et vous, comment vont vos affaires ?

Quand le docteur eut tout raconté, M. de Fersac répliqua :

Homo homini lupus… Moi, mon cher docteur, j’ai été obligé de vendre mon meilleur domaine, celui qui nourrissait la maison, pour rembourser à votre gente cousine une ancienne dette contractée envers le digne auteur de ses jours, dette doublée par des intérêts follement usuraires…

Disant cela, M. de Fersac se souleva un peu sur le vieux fauteuil Louis XV où il était assis, sa jambe droite reposant sur un oreiller que supportait un tabouret.

— Encore si je n’étais pas podagre !… ajouta-t-il.

Après avoir examiné le pied malade, le docteur appela Madalit et lui expliqua la manière de faire des cataplasmes et la façon de les appliquer. Puis il dit au comte :

— Ce ne sera rien, l’accès n’est pas grave. Dans une quinzaine, vous remonterez à cheval : donc ayez un peu de patience. Mais, surtout, point de vin vieux, de café, de liqueurs ! Buvez de bonne eau claire… et privez-vous du reste !… Ce n’est pas le temps de faire des libations à Bacchus et à Vénus !

En sortant du château, Daniel alla chercher un maçon nommé Coli, surnommé par un jeu de mots facile « Colimaçon », et l’emmena aux Essarts. Ainsi qu’il arrive au fond des campagnes, où le travail est rare, Coli devenait à l’occasion, couvreur, plâtrier et même un peu charpentier. Ayant bien étudié les choses, il promit de faire la besogne pour la somme de quarante écus, à la condition que les matériaux lui fussent amenés à pied d’œuvre, et qu’on lui fournît