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faible valeur : c’était une lande sur laquelle était construite une bicoque, avec de mauvais taillis et un bois de châtaigniers, — le tout d’une contenance de dix journaux environ, soit quatre hectares. — Néanmoins, c’était pour l’exproprié une ressource appréciable. Par là il demeurait en contact avec la terre, et pourrait se réfugier et s’abriter tant bien que mal dans cette baraque abandonnée depuis longtemps par l’essarteur.

Dès le surlendemain de l’adjudication, Daniel se rendit « aux Essarts ». L’habitation n’était qu’une méchante maisonnette en bois, en torchis et en pisé, comme la plupart de celles de la Double. Elle était divisée en deux compartiments que séparait une mince cloison, l’un pour les personnes, l’autre pour les bêtes, — exactement comme celle des Huguettou défunts, où il avait débarqué lors de son retour au pays. — La toiture était à demi effondrée, les murs crevassés par endroits.

« Nous ne coucherons pas dehors, se dit-il, après que la tuilée sera réparée… »

Ayant tout bien considéré, le docteur prit le chemin de Saint-Michel afin de voir un ouvrier pour les réparations à faire et aussi pour visiter M. de Fersac, qui l’avait mandé.

Le pauvre gentilhomme était en fâcheuse posture pour le moment, retenu au logis par la goutte, et, de plus, travaillé par cette autre maladie que maître François baptise : « faulte de monnoie ». Dans cette passe désagréable, sa philosophie ne lui faisait pas défaut ; c’est en plaisantant qu’il accueillit le docteur :

— Un dieu nous a fait ces loisirs !

— Et peut-être aussi une déesse ! répondit Daniel.