Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/323

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rience, mais qu’étant seule désormais, sans parents ni amis pour la représenter, elle était bien forcée de parler elle-même.

Ayant achevé ce préambule, Zélie fit entendre à Daniel par des paroles entortillées et pleine d’une confusion apparente qu’elle serait fort satisfaite s’il la voulait pour femme… Avec le prix de l’étude, elle avait bien une centaine de mille francs…

Lui devina tout de suite que par cette proposition matrimoniale l’avare et dévote héritière voulait libérer sa conscience et se rédimer de l’enfer sans lâcher l’argent.

— Mais, ma pauvre demoiselle, lui dit-il, vous n’ignorez pas que j’ai déjà une femme ?

— N’étant point marié, vous êtes bien libre de renvoyer votre servante lorsqu’il vous plaira… C’est l’affaire d’une centaine d’écus.

— Mais j’ai deux enfants d’elle !

— Voire !… Lorsqu’on n’est pas marié, les bâtards appartiennent à la mère.

— Mais je les ai reconnus !… Ma chère Zélie, conclut-il avec un sourire, en se levant, nous ferions un mauvais ménage : vous ne songez qu’à l’argent, et moi, je fais passer avant l’argent quelques autres petites choses…

Elle se leva aussi et dit sèchement :

— Comme vous voudrez !

Au moment du départ, sur le seuil, Daniel se retourna :

— Adieu, Zélie !… Je vous souhaite un bon sommeil !…

Ces mots la troublèrent : il lui sembla que Daniel connaissait le testament. Mais elle se remit bientôt : « S’il l’avait connu, il en eût parlé… » Et, tandis