Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/320

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Sur la mule.

— Je vais la prendre : ma vieille jument ne peut plus me porter.

Dès qu’il fut au chevet du malade, le docteur constata qu’il était perdu. Le pauvre homme était étendu sur son lit, les yeux fermés, les bras allongés contre le corps. Il respirait péniblement, et, de temps à autre, sa poitrine se soulevait avec un râle bruyant. Il n’entendait plus rien, avait perdu la notion de ce qui se passait autour de lui, et la sensibilité était abolie entièrement. Le docteur pratiqua une saignée, appliqua des ventouses ; mais tout fut inutile : deux heures après, M. Cherrier mourait sans avoir repris connaissance.

Cette mort eut de graves conséquences pour Daniel. Le défunt notaire, nonobstant ses manières un peu bizarres quelquefois, était un homme exact et très ordonné : en fouillant les papiers de son père, Zélie trouva un registre où il consignait toutes ses opérations de recette et de dépense, et s’empressa de l’examiner avec attention. Parmi d’autres affaires, elle releva un certain nombre de payements faits pour le compte de Daniel : le total de ces payements, qui montait à près de sept mille francs, fit ouvrir de grands yeux à l’avare fille ; elle songea bien vite aux moyens d’assurer ces créances. D’autre part, entre les paperasses qui bourraient comme d’habitude les poches du notaire, elle découvrit un paquet lié d’un ruban vert et soigneusement fermé de plusieurs cachets, sur lequel était écrit : « Ceci est mon testament. »

Ayant défait ce paquet, Zélie vit que son père donnait en pur don à Daniel toutes les sommes qu’il pourrait lui devoir au jour de son décès, et, en